Analyse contextuelle de la réactivation de la 2ème flotte de la Marine américaine : une décision à mettre en perspec-tive avec la Stratégie de Sécurité Nationale et la « poli-tique’ arctique des États-Unis »

Développement rédigé par Magali Vullierme. (Juin 2018)

Le 18 décembre 2017, la Stratégie de Sécurité Nationale américaine (ou « NSS ») est rendue publique[1]. Très attendue, elle est révélatrice des changements d’orientation portés par le président Trump. Selon des analyses, le monde y est décrit comme une « gigantesque compétition internationale »[2] où les États-Unis, pour l’emporter, doivent durcir le ton d’un point de vue militaire, économique et technologique. Le rôle des États-Unis ne serait plus d’ordonner le monde mais de protéger les intérêts américains[3], même si cela signifie d’agir unilatéralement[4].

Les quatre piliers de la NSS reflètent cette position. Il s’agit de « protéger le peuple, la patrie et le mode de vie américain », de « promouvoir la prospérité américaine », de « préserver la paix grâce à la force », et enfin, de « faire progresser l’influence américaine ». En plus de ces piliers, trois menaces sont identifiées. La première vient de puissances « révisionnistes » (Chine et Russie) qui « façonnent un monde anti éthique aux valeurs et aux intérêts des États-Unis »[5]. La deuxième vient des dictatures nord-coréenne et iranienne, « États-voyous » déstabilisant les régions et menaçant les États-Unis et leurs alliés. Enfin, la troisième vient des « groupes transnationaux, terroristes et djihadistes et d’organisations criminelles »[6]. Pour certains, la lutte contre le terrorisme n’apparaît plus comme la priorité principale américaine ; elle a été remplacée par la lutte contre l’immigration illégale[7] ou encore « le maintien de l’avantage militaire sur la Chine et la Russie »[8].

Selon Herman, cette NSS est un profond retour à une idéologie bismarckienne d’avant 1917 :

« Comme l’indique la nouvelle Stratégie de sécurité nationale : « Nous comprenons que le mode de vie américain ne peut pas être imposé aux autres, ni qu’il est l’aboutissement inévitable du progrès ». (…). [Trump] comprend instinctivement que l’idéalisme américain n’a pas sauvé le monde d’Hitler et du communisme. Le pouvoir militaire et économique américain l’ont fait. De l’avis de M. Trump, nous vivons dans un monde régi par la corrélation matérielle des forces, nécessitant un rééquilibre au profit des États-Unis (…). La stratégie de sécurité nationale continue : « La compétition ne signifie pas toujours l’hostilité et ne conduit pas inévitablement à un conflit ». Mais le conflit peut empêcher la guerre, grâce à l’équilibre des forces et au pouvoir de dissuasion économique et militaire »[9].

La Chine et la Russie ont, elles, dénoncé « une mentalité de guerre froide »[10]. Poutine a souligné le « caractère offensif » et « agressif » du vocabulaire utilisé par ce document, en ajoutant que des actes concrets et des financements étaient déjà entrepris par les États-Unis, comme la hausse du budget militaire d’environ 50 % (de 8,2 à 12,3 milliards de dollars) pour financer de nouveaux intercepteurs de missiles balistiques et financer la mobilisation de nouvelles troupes de l’OTAN[11].

Quid de l’Arctique dans la nouvelle NSS ? L’Arctique n’est mentionné qu’une seule fois dans la section « Obtenir de meilleurs résultats dans les forums multilatéraux » du quatrième pilier[12]. Selon la NSS, il faut promouvoir la souveraineté et les valeurs américaines au sein des institutions internationales :

« Plusieurs institutions internationales établissent les règles d’interaction entre les États, les entreprises et les particuliers, à travers la terre et la mer, l’Arctique, l’espace extra-atmosphérique et le domaine numérique. Il est vital pour la prospérité et la sécurité des États-Unis que ces institutions défendent les règles gardant ces domaines communs ouverts et gratuits. Le libre accès aux mers reste un principe central de la sécurité nationale et de la prospérité économique, et l’exploration de la mer et de l’espace offre des possibilités de gains commerciaux et de découvertes scientifiques »[13].

L’Arctique semble être une région géographique traitée de manière « indépendante ». Qualifié de « domaine » qui doit rester « commun », « ouvert » et « libre d’accès », son régime semble proche de l’espace extra-atmosphérique ou du domaine numérique. La NSS rappelle également l’importance de la libre circulation maritime pour les États-Unis. Enfin, sans surprise, le changement climatique n’est pas mentionné[14].

Plus précisément, quelles sont les mesures politiques applicables à l’Arctique prises pendant la première année de la présidence de Trump ? Comment expliquer la récente réactivation « surprise » de la 2ème flotte de la Marine américaine dans la région ?

Après une courte évaluation de la politique étrangère pour l’Arctique (I.1), nous traiterons de la réactivation de la 2ème flotte de la Marine américaine (1.II).

1 – Évaluation de la politique étrangère de Trump pour l’Arctique[15]

Après avoir été longtemps reléguée au second plan des priorités américaines, la diplomatie américaine pour l’Arctique a été graduellement réactivée dès 2009. Cette année-là, Bush publie une Politique Arctique des États-Unis ; dès sa première élection, Obama entreprend également de nombreuses initiatives. Il faudra néanmoins attendre 2013 pour que la Politique Arctique des États-Unis du Bush soit officiellement mise en œuvre par la Stratégie Nationale pour la région arctique[16] d’Obama. Reprenons quelques dates clés de l’héritage d’Obama (1.1.1) avant de nous tourner vers la position actuelle de Trump (1.1.2).

1.1 –  L’héritage d’Obama

Dès 2010, Obama place Hilary Clinton au centre de la diplomatie arctique américaine. A la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l’océan Arctique, en marge du G8, elle rappelle l’engagement américain envers le Conseil de l’Arctique, « architecte inclusif et transparent de la coopération » régionale. La même année, Clinton signe la Déclaration de Nuuk et autorise la mise en place d’un Secrétariat permanent du Conseil de l’Arctique. Opérationnel depuis 2013 et installé à Tromsø, ce secrétariat permanent avait été jusque-là refusé par les Américains car il « donnait trop de pouvoir à une organisation multilatérale »[17]. En 2011, Hilary Clinton est également présente au 7ème sommet du Conseil de l’Arctique ; c’est la première fois qu’un secrétaire d’État américain assiste à un sommet du forum.

En 2013, la Stratégie Nationale pour la région arctique d’Obama entre en vigueur. Son but principal est de synchroniser trois priorités de politiques domestique et étrangère : « protéger les intérêts et la sécurité nationale », « promouvoir une gestion responsable » et « favoriser une plus grande coopération internationale sur les questions arctiques ». Elle rétablit le Comité interministériel sur les politiques de recherche dans l’Arctique (Interagency Arctic Research Policy Committee, IARPC) – instauré par le Congrès en 1984 et inactif depuis des décennies. Le Comité directeur exécutif de l’Arctique (Arctic Executive Steering Committee, AESC) est également instauré pour donner des conseils ou coordonner les priorités pour l’élaboration des politiques arctiques.

En 2015, une réunion GLACIER (Global Leadership in the Arctic: Co-operation, Innovation, Engagement and Resilience) est organisée. Tenue en Alaska, elle réunit des délégations de 19 États, de l’Union Européenne et d’autres hauts représentants pour y discuter des changements climatiques dans l’Arctique. En 2016, une réunion ministérielle des « sciences arctiques » est également organisée. Elle réunit des représentants de 25 gouvernements étrangers et de peuples autochtones. Un de ses principaux objectifs est de créer un nouveau partenariat « équilibré » s’appuyant une l’intégration des peuples autochtones, des savoirs traditionnels et des sciences. Pour Plouffe[18], ces réunions montrent que les États-Unis sont prêts à s’engager dans la région en dehors du Conseil de l’Arctique.

En mars 2016, une déclaration conjointe du Canada et des États-Unis sur le climat, l’énergie et la gestion de l’Arctique est effectuée. Les deux États s’engagent à coordonner leurs actions afin de renforcer leurs rôles dans la lutte contre les émissions carbones et afin de développer des politiques de protection de l’environnement et des populations arctiques[19]. En décembre 2016, cette déclaration est réaffirmée par la Déclaration commune des dirigeants du Canada et des États-Unis sur l’Arctique[20]. Dans cette dernière, Obama et Trudeau s’engagent notamment à suspendre « indéfiniment » les licences extracôtières de pétrole et de gaz – de façon permanente aux États-Unis ; indéfiniment, mais revu tous les cinq ans au Canada après évaluation scientifique du climat et de la mer[21].

Ces quelques dates montrent que la diplomatie arctique d’Obama s’appuyait sur une gouvernance régionale forte et un renforcement de la coopération multilatérale. Selon Plouffe, Obama a créé des conditions positives qui ont permis à la coopération multilatérale de s’étendre au-delà des tâches traditionnelles du Conseil de l’Arctique. Ainsi, tout au long des deux mandats d’Obama, de nombreux engagements institutionnels ont été pris « afin de renforcer la sûreté maritime, de réduire la pollution marine, de réguler les pêches en hautes-mers, d’augmenter la sûreté des navires avec le Code Polaire, de favoriser le développement économique, de promouvoir la coopération scientifique et enfin de réduire les impacts du changement climatique »[22].

1.2 –  La position actuelle de Trump

Élu en début d’année 2017, le Président Trump n’a pas encore publié de politique spécifique pour la zone Arctique. Il est dès lors difficile de comprendre quelle direction Trump prend pour la région, mais plusieurs actions ont tout de même été entreprises. Selon Plouffe, l’administration Trump maintient la coopération multilatérale dans la protection de l’environnement, la sécurité maritime et le développement durable, ainsi que dans la recherche scientifique et les exercices militaires. Un exemple de cette analyse est la signature de l’Accord sur le renforcement de la coopération scientifique internationale, signé à Fairbanks en mai 2017. Toutefois, de nombreux points de ruptures avec l’approche d’Obama sont à relever.

Sans surprise, la nouvelle NSS confirme le scepticisme de Trump quant à la nature et à l’étendue du changement climatique[23]. Une des premières mesures de Trump a d’ailleurs été de tenter d’annuler le décret suspendant les licences extracôtières en Alaska, signé par Obama en décembre 2016[24]. En parallèle, le Sénat a voté en octobre 2017 une résolution budgétaire permettant l’exploration et l’exploitation potentielles d’une zone située dans l’Arctic National Wildlife Refuge (ANWR), Alaska. En mars 2017, un autre décret présidentiel est signé pour promouvoir l’indépendance énergétique et la croissance économique par le développement des énergies fossiles. Ce décret est en contradiction direct avec le travail entrepris par le Conseil de l’Arctique de réduction des émissions carbones. Autre fait marquant, Trump a quitté l’Accord de Paris sur le Climat en juin 2017. Enfin, en août 2017, le poste de représentant spécial pour l’Arctique a été supprimé. Occupé par Clinton, ce poste avait été fortement demandé par l’Alaska afin de coordonner les départements américains. Avec cette suppression, les États-Unis redeviennent le seul État arctique qui n’a pas de haut-représentant arctique. Certes, il reste toujours un représentant senior pour l’Arctique (SAO) ; mais cette suppression symbolique semble montrer le désintérêt de Trump pour la zone.

Ainsi, les diverses décisions en lien avec les problématiques arctiques ont montré jusqu’à maintenant une approche très différente de celle d’Obama. En s’éloignant des problématiques du changement climatique et en annulant certaines des décisions d’Obama, Trump met en œuvre ce qu’il avait promis dans sa campagne, à savoir tendre vers une indépendance économique et énergétique plus forte pour les États-Unis. Lors d’une conférence de presse, Trump s’est exprimé sur l’Arctique. Si pour lui « la région arctique a une importance stratégique et économique », aucune mention de « la protection de l’environnement, du changement climatique, de la coopération, des peuples autochtones, du Conseil de l’Arctique, de la Russie, de l’Alaska ou toute autre question de sécurité nationale qui aurait dû être pertinente »[25] n’y est effectuée. En revanche, en mai 2018, la réactivation opérationnelle de la 2ème Flotte de la Marine est annoncée.

2 – Réactivation de la 2ème Flotte

Le 4 mai 2018, les États-Unis annoncent – en plus de l’augmentation (à long terme) du nombre de sous-marins d’attaque (de 48 à 66)[26] – la réactivation opérationnelle de la 2ème Flotte de la Marine au 1er juillet de cette même année. Créée en 1950 et dissoute en septembre 2011, la 2ème Flotte est l’autorité administrative et opérationnelle sur les bâtiments, avions de combat et sur l’ensemble des unités affectées à la côte Est et à l’océan Atlantique Nord[27], comme le montre la carte ci-dessous. À sa création, elle était « considérée comme le bras armé de la Marine américaine en Atlantique Nord et en mer du Nord »[28]. Pour sa réactivation, la 2ème Flotte, basée à Norfolk, accordera « une attention toute particulière pour les abords de l’Arctique : le détroit de Davis, la mer de Barents où les îles Féroé »[29].

  • Découpages des zones assignées à chaque Flotte de l’US Navy

Source : Défense-Aéro, 9 mai 2018

À l’époque, sa mise en sommeil avait été expliquée par la cordialité des relations entretenues avec la Russie et la réaffectation des budgets sur les autres flottes croisant en Méditerranée et dans le Pacifique[30]. Sa réactivation peut être expliquée en réaction aux manœuvres russes (1.2.1), mais il faut rester prudent dans cette analyse car d’autres raisons peuvent également être avancées (1.2.2). Par ailleurs, des incertitudes existent quant à la composition de la 2ème Flotte (1.2.3).

2.1 –  Une réponse face aux manœuvres russes

Cette réactivation « surprise » peut être analysée comme la réponse américaine face « aux nouvelles menaces opérationnelles touchant la maîtrise de l’espace sous-marin »[31], aux « dégradations progressives des relations diplomatiques »[32] avec Moscou, « aux récentes (et trop nombreuses) altercations entre la Russie et les États-Unis ou leurs alliés »[33] ou encore, à la modernisation de la Marine russe.

En effet, entre 2014 et 2018, 13 sous-marins russes ont été livrés. En 2016[34], la flotte de la Marine russe a atteint un niveau proche de celui de la Guerre froide. Elle a mis au point des nouvelles classes de submersibles à propulsion nucléaire et conventionnelle, qui leur offrent de meilleurs systèmes de combat, des capacités accrues et un rayon d’action plus important. Elle a également renforcé sa flotte du Nord et de la mer Noire, notamment autour des câbles sous-marins. En effet, les forces sous-marines de l’OTAN rapportent une « activité russe sans précédent autour des câbles »[35] – ses sous-marins ont passé plus de 3 000 jours en mer au cours de l’année 2016. À ce titre, l’OTAN a d’ailleurs annoncé en novembre 2017 la création d’un commandement dédié à la protection des routes maritimes (proche de l’ancien commandement SACLANT, dissout en 2003)[36]. Cette décision fait écho à la doctrine navale russe de juillet 2017[37] qui dénonce les efforts des États pour limiter l’accès de la Russie aux ressources et aux lignes de communication.

Toutefois, il faut prendre ces analyses avec prudence car d’autres raisons peuvent être avancées[38].

2.2 –  Une réponse face à d’autres enjeux stratégiques

Quatre autres éléments peuvent notamment être avancés. Tout d’abord, cette réactivation est à mettre en perspective avec la nouvelle NSS (A). Par ailleurs, malgré les manœuvres russes, l’OTAN garde son avance numérique dans la région (B). Il ne faut également pas oublier l’éventuel rôle joué par la Marine chinoise (C). Enfin, il est important de souligner que la coopération entre les Marines russe et américaine semble fonctionner sur la côte ouest, dans la mer et le détroit de Béring (D).

A.–      Réponse aux objectifs de la nouvelle NSS

Tout d’abord, cette réactivation peut être une simple application de la NSS indiquant un retour dans une ère de concurrence entre grandes puissances. La 2ème Flotte serait alors réactivée « pour répondre à ces défis, en particulier dans l’Atlantique Nord »[39] et optimiser l’organisation de la Marine. Il ne s’agit néanmoins pas d’« un mouvement de recentrage stratégique propre à contrebalancer la réorientation des forces dans le Pacifique »[40]. La principale raison serait de replacer la flotte Atlantique dans ses missions premières : la sûreté des atterrages des États-Unis (USNORTHCOM) et la régénération du potentiel opérationnel des forces navales pour leur projection.

B.–      L’avance numérique de la flotte de l’OTAN

Par ailleurs, pour certains, les manœuvres russes ne seraient pas de nature à inquiéter les Américains, et plus largement l’OTAN. En effet, la force militaire russe de 2018 « serait plus un épouvantail qu’un ennemi crédible pour l’OTAN »[41]. Plus précisément, en 2018[42], la Russie dispose de 2 sous-marins classiques pleinement disponibles pour la Flotte de la Baltique et de 7 SNLE (Sous-marins Nucléaires Lanceurs d’Engins), 2 SSGN (Ship Submersible Guided missile Nuclear – sous-marins nucléaires lanceurs de missiles de croisière), 7 SNA (Sous-marins Nucléaires d’Attaque) et 5 sous-mains classiques pour la Flotte du Nord. Cela porte le nombre de sous-marins russes à un total de 23. L’OTAN dispose, elle, de 30 sous-marins d’attaque (SNA et SSGN confondus)[43]. Ainsi, « l’état actuel des choses n’implique pas un accroissement des forces mais bien une volonté politique d’arrêter la décrue des formats des différentes marines [de l’OTAN]. (…) la protection ou le délitement du lien transatlantique dépendra, pour beaucoup, de la poursuite des efforts navals russes tandis que pour la première fois depuis 2000 le budget militaire russe est en recul et ce, pour deux années consécutives. (…). Mieux encore, en l’état actuel des tranches navales russes, le nombre de sous-marins va chuter entre 2018 et 2030 d’environ 62 à 39 dont 15 sous-marins classiques »[44].

C.–     Réorganisation dictée par d’autres risques potentiels

La réorganisation de la flotte américaine pourrait également être dictée par d’autres risques potentiels. En effet, les risques politico-militaires en Amérique du Sud et l’influence de la « puissance révisionniste » chinoise sont également avancés[45] dans la NSS. Or, des navires de guerre chinois ont été aperçus dans les eaux internationales en Atlantique Nord, navires qui représenteraient « nettement plus une raison de faire sortir de sa retraite la 2ème Flotte »[46].

D.–     Une coopération continue sur la côté ouest

Il faut également noter que la coopération opérationnelle entre les Marines russe et américaine de la 3ème Flotte semble toujours fonctionner. En effet, le 17 novembre 2017, un protocole établissant les routes à double sens et les zones de précaution dans la mer de Béring et le détroit de Béring a été signé[47]. Jusqu’à cet accord, il n’existait pas de régulations pour le détroit de Béring étant donné le trafic maritime réduit. Les Russes commencent à utiliser ce détroit pour transporter du pétrole et du gaz sur les marchés asiatiques, une sécurisation devenait nécessaire. Russes et Américains y voyant un intérêt commun, l’accord a été signé « malgré des désaccords politiques globaux »[48]. Il sera en vigueur au 1er décembre 2018.

2.3 –  Incertitudes

Des incertitudes quant à la composition de la 2ème Flotte demeurent encore. Depuis 2000, les forces marines ont été redéployées vers le Pacifique – 60 % de la Marine américaine y est aujourd’hui déployée. Si l’on en redéploye certains, cela baisserait le nombre de bâtiments américains présents en Méditerranée et dans le Golfe Persique. Or, Trump souhaite garder une présence à proximité de l’Iran[49].

Selon les sources, l’effectif de la 2ème Flotte passera graduellement de 15 à 250 marins dont 85 officiers[50] et au moins un porte-avions lui serait affecté en permanence[51].

Notons qu’au plus fort de son action, un porte-avions l’USS Theodore Roosevelt (CVN-71) et le bâtiment de projection USS Iwo Jima (LHD-7) avec de « réelles capacités porte-aéronefs » y étaient affectés[52]. Si ces deux bâtiments sont réaffectés dans le cadre d’un groupe aéronaval, cela contribuerait à rétablir l’équilibre en Atlantique Nord, entre l’OTAN et les forces russes.

Notes :

[1] Gouvernement américain, Maison Blanche, National Security Strategy of the United States of America (NSS), 18 décembre 2017 (Washington, 2017), <https://www.whitehouse.gov/wp-content/uploads/2017/12/NSS-Final-12-18-2017-0905.pdf>.

[2] Frédéric Autran, « La Chine et la Russie épinglées, le climat oublié : Trump dévoile sa stratégie sécuritaire », Libération, 18 décembre 2017, <http://www.liberation.fr/planete/2017/12/18/la-chine-et-la-russie-epinglees-le-climat-oublie-trump-devoile-sa-strategie-securitaire_1617591>.

[3] Thierry Meyssan, « La Stratégie militaire de Donald Trump », Wikistrike, 26 décembre 2017 – <http://www.voltairenet.org/article199158.html>.

[4] Jonathan Lemire et Hope Yen, « Trump dévoile sa stratégie de sécurité nationale avec un caractère unilatéral », La Presse Canadienne, HuffPost, 18 décembre 2017, <https://quebec.huffingtonpost.ca/2017/12/18/trump-devoile-sa-strategie-de-securite-nationale-avec-un-caractere-unilateral_a_23311216/?guccounter=1>.

[5] NSS, p. 25. La NSS vise l’utilisation d’outils informatiques par les Russes et la politique commerciale des Chinois.

[6] NSS, p. 25.

[7] Frédéric Autran, « La Chine et la Russie épinglées, le climat oublié : Trump dévoile sa stratégie sécuritaire », Libération, 18 décembre 2017, <http://www.liberation.fr/planete/2017/12/18/la-chine-et-la-russie-epinglees-le-climat-oublie-trump-devoile-sa-strategie-securitaire_1617591>.

[8] Kamal Louadj, « A quoi joueraient les USA avec leur nouvelle stratégie de défense? », Sputnik France, 25 janvier 2018, <https://fr.sputniknews.com/analyse/201801251034885630-strategie-defense-usa-guerre-froide/>.

[9] Arthur L. Herman, “The New Era of Global Stability”, The Wall Street Journal, 19 décembre 2017 –         <https://www.wsj.com/articles/the-new-era-of-global-stability-1513728226>.

[10] « Pékin et Moscou répliquent vigoureusement à la stratégie de sécurité des États-Unis », Le Monde avec AFP, 19 décembre 2017 –             <https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/12/19/pekin-et-moscou-repliquent-vigoureusement-a-la-strategie-de-securite-des-etats-unis_5231932_3222.html>.

[11] « Poutine s’en prend à la stratégie de défense américaine », Le Point, 22 décembre 2017 –   <http://www.lepoint.fr/monde/poutine-s-en-prend-a-la-strategie-de-defense-americaine-22-12-2017-2182032_24.php>.

[12] Pour rappel, le quatrième pilier est intitulé « Faire progresser l’influence américaine ».

[13] NSS, p. 40.

[14] « Une nouvelle stratégie de sécurité nationale pour Trump », ICI.Radio-Canada, 18 décembre 2017 –  <https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1073814/donald-trump-president-etats-unis-strategie-securite-nationale-russie-chine-economie-environnement>.

[15] Cette évaluation est un résumé de l’analyse de Joël Plouffe : Joël Plouffe, « US Arctic Foreign Policy in the Era of President Trump: A Preliminary Assessment », Institut Canadien des Affaires Mondiales, novembre 2017, <https://d3n8a8pro7vhmx.cloudfront.net/cdfai/pages/3066/attachments/original/1511803840/US_Arctic_Policy.pdf?1511803840>. Pour une étude plus ancienne : Michel Frédérick, « La politique arctique des États-Unis et le cas de la souveraineté du Canada dans le Nord (Note) », Études internationales, 1988, volume 19 n°4, pp. 673–691.

[16] Gouvernement américain, Maison Blanche, National Strategy for the Arctic Region, 10 mai 2013 (Washington, 2013), < https://obamawhitehouse.archives.gov/sites/default/files/docs/nat_arctic_strategy.pdf>.

[17] Plouffe, 2017, p. 5.

[18] Plouffe, 2017, pp. 3-5.

[19] Ibid.

[20] Gouvernement canadien, Premier ministre, « United States-Canada Joint Arctic Leaders’ Statement », 20 décembre 2017 (Ottawa, 2017), <http://pm.gc.ca/eng/news/2016/12/20/united-states-canada-joint-arctic-leaders-statement>.

[21] Notons que cette suspension n’a pas été bien accueillie par les autochtones. En effet, beaucoup ont reproché à Obama et Trudeau de ne pas les avoir consultés et de réduire le potentiel de développement économique des communautés arctiques. Voir : Plouffe, 2017, p. 6.

[22] Plouffe, 2017, p. 3.

[23] Voir : Plouffe, 2017, p. 8 ; p. 11-12.

[24] Un recours en annulation est actuellement examiné.

[25] Plouffe, 2017, p. 14.

[26] Loïc Lauze et Thibault Lamidel, « Les États-Unis réactivent la 2ème flotte de l’US Nav »’, Défense-Aéro, 9 mai 2018, <http://www.defens-aero.com/2018/05/etats-unis-reactivent-2eme-flotte-us-navy.html >.

[27] Ibid.

[28] Arnaud, « Face aux menaces russes, l’US Navy réactive sa 2ème Flotte en Atlantique », Avions Légendaires, 7 mai 2018, – http://www.avionslegendaires.net/2018/05/actu/face-aux-menaces-russes-lus-navy-reactive-sa-2eme-flotte-en-atlantique/

[29] Vincent Hervouet, « Le réchauffement climatique relance la guerre froide : les États-Unis ont décidé de recréer la 2e flotte qui patrouillera dès le 1er juillet dans l’Atlantique Nord », L’édito international de Vincent Hervouet, Europe 1, 14 mai 2018.

[30] Arnaud, « Face aux menaces russes, l’US Navy réactive sa 2ème Flotte en Atlantique », Avions Légendaires, 7 mai 2018, < http://www.avionslegendaires.net/2018/05/actu/face-aux-menaces-russes-lus-navy-reactive-sa-2eme-flotte-en-atlantique/>.

[31] Loïc Lauze et Thibault Lamidel, « Les États-Unis réactivent la 2ème flotte de l’US Navy », Défense-Aéro, 9 mai 2018, <http://www.defens-aero.com/2018/05/etats-unis-reactivent-2eme-flotte-us-navy.html>.

[32] Arnaud, « Face aux menaces russes, l’US Navy réactive sa 2ème Flotte en Atlantique », Avions Légendaires, 7 mai 2018, < http://www.avionslegendaires.net/2018/05/actu/face-aux-menaces-russes-lus-navy-reactive-sa-2eme-flotte-en-atlantique/>.

[33] Arnaud, Ibid.

[34] Laurent Lagneau, « Face aux sous-marins russes, l’US Navy réactive sa 2ème Flotte, dédiée à l’Atlantique Nord », Opex360, 6 mai 2018, <http://www.opex360.com/2018/05/06/face-aux-marins-russes-lus-navy-reactive-2e-flotte-dediee-a-latlantique-nord/>.

[35] Laurent Lagneau, Ibid.

[36] Vincent Hervouet, « Le réchauffement climatique relance la guerre froide : les États-Unis ont décidé de recréer la 2ème flotte qui patrouillera dès le 1er juillet dans l’Atlantique Nord », L’édito international de Vincent Hervouet, Europe 1, 14 mai 2018 ; Laurent Lagneau, « Face aux sous-marins russes, l’US Navy réactive sa 2ème Flotte, dédiée à l’Atlantique Nord », Opex360, 6 mai 2018, <http://www.opex360.com/2018/05/06/face-aux-marins-russes-lus-navy-reactive-2e-flotte-dediee-a-latlantique-nord/>.

[37] Arnaud, Ibid.

[38] Loïc Lauze et Thibault Lamidel, Ibid.

[39] Ibid.

[40] Pour plus de détails sur cette réorganisation, voir : Loïc Lauze et Thibault Lamidel, Ibid.

[41] Arnaud, Ibid.

[42] Loïc Lauze et Thibault Lamidel, Ibid.

[43] Composée de 22 sous-marins américains, 7 sous-marins britanniques, et 1 sous-marin français. Voir : Loïc Lauze et Thibault Lamidel, Ibid.

[44] Loïc Lauze et Thibault Lamidel, Ibid.

[45] Ibid.

[46] Arnaud, Ibid.

[47] IMO, « Routeing Measures and Mandatory Ship Reporting Systems, Establishment of two-way routes and precautionary areas in the Bering Sea and Bering Strait submitted by the Russian Fédération and the United-States », Sous-comité sur la navigation, des Communications et de recherche et sauvetage, 5ème session, 12 novembre 2017, <https://www.navcen.uscg.gov/pdf/IMO/NCSR_5_3_7.pdf>.

[48] Emily Russell, « US, Russia agree on shipping standards for Bering Strait  », Alaska Public Media, 6 juin 2018, <https://www.alaskapublic.org/2018/06/06/us-russia-agree-on-shipping-standards-for-bering-strait/>.

[49] Loïc Lauze et Thibault Lamidel, Ibid.

[50] Laurent Lagneau, Ibid.

[51] Arnaud, Ibid.

[52] Ibid.