Le secteur minier au Canada (Nunavik)

(Septembre 2018)

Les sous-régions arctiques sont très souvent décrites par les journaux comme des terres à fort potentiel de développement faisant l’objet d’une course à l’exploitation, tant de la part des États arctiques que des autres.

Mais cette vision est-elle représentative de la réalité du terrain ? Si l’on s’intéresse plus particulièrement au secteur minier, quels sont les besoins humains et matériels essentiels à l’exploitation d’une mine ? Les Autochtones sont-ils intégrés dans ces projets ?

S’il existe à ce jour beaucoup d’études sur le développement économique (infrastructure et emploi des autochtones) dans les régions subarctiques, très peu d’études sont disponibles pour les zones arctiques. Pourtant, elles seraient pertinentes tant les projets d’infrastructures y sont à haut risques et à très long terme[1], et nécessitent de lourds investissements.

Après une courte présentation de la présence chinoise au Nunavik (I), nous traiterons de deux problématiques cruciales liées au développement du secteur minier : les décharges à ciel ouvert présentes dans les communautés arctiques (II) et le défi de l’emploi des autochtones (III).

1 – La présence chinoise au Nunavik

L’intérêt de la Chine pour les zones polaires remonte aux années 1980. Il se concrétise actuellement par une volonté de continuer à développer ses liens économiques, sa connaissance scientifique et son expertise pour opérer en Arctique (a). Les besoins en investissements étant très forts au Canada, les entreprises chinoises semblent généralement les bienvenues (b), comme nous le verrons dans quelques cas d’étude (c).

A.–      Un intérêt ancien pour les zones polaires

Contrairement à ce que l’on pourrait croire étant donné la prolifération d’articles de presse pointant l’accélération de la présence de la Chine en Arctique, l’intérêt chinois pour les zones polaires n’est pas nouveau.

Cet intérêt est formalisé dès le début des années 1980 par la création d’un Bureau du Comité d’Expédition Nationale en Antarctique. En 1989, ce Bureau change de nom pour s’appeler l’Administration Chinoise de l’Arctique et l’Antarctique. Un programme de recherche officiel pour l’Arctique est également lancé la même année. Il est suivi quelques années plus tard, en 1992, par un programme quinquennal sino-allemand portant sur l’étude de l’océan Arctique. Enfin, en 1996 – pour ne citer que quelques dates –, la Chine devient membre de l’IASC (International Arctic Scientific Committee)[2].

Côté universitaire, une analyse de Lasserre et Alexeeva[3] souligne que la plupart des articles scientifiques chinois publiés entre 1988 et 2008 porte sur des thématiques de sciences dures (glaciologie, climatologie ou océanographie), et non sur des problématiques de politique ou de souveraineté. Depuis 2007, cette tendance tend à s’inverser. Néanmoins, la grande majorité du budget alloué aux zones polaires reste encore réservé à l’Antarctique, où la Chine opère trois stations permanentes ; en Arctique, la Chine n’en opère ‘que’ deux, au Svalbard et en Islande[4].

Le 26 janvier 2018, la Chine a publié son premier Livre Blanc sur l’Arctique[5]. Celui-ci rappelle la volonté chinoise de sauvegarder la paix et la stabilité de la région ainsi que de contribuer à son développement tout en protégeant les traditions historiques des autochtones. Pour le Professeur Lajeunesse, il est à ce jour difficile de savoir s’il s’agit de réelles directives ou de ‘simples déclarations’ qui ne seront pas appliquées[6]. Toutefois, cette volonté de sauvegarde a été constamment rappelée depuis dix ans[7] et les investissements chinois ont été jusqu’à maintenant effectués dans cette dynamique. Enfin, il est important de rappeler que la Chine est très dépendante de ses approvisionnements maritimes. Elle est donc partisane d’un développement des routes maritimes, et ce, en toute sécurité. C’est dans cette optique que la Chine souhaiterait renforcer ses liens économiques, sa connaissance scientifique et son expertise pour opérer en Arctique[8]. Quelle est l’approche canadienne concernant la présence chinoise en Arctique ?

B.–      Approche canadienne

Le Canada manque de nombreuses infrastructures en Arctique dont les constructions nécessitent de lourds investissements. A titre d’exemple, de nombreux moyens humains et matériels en Recherche et Sauvetage manquent encore pour sécuriser les côtes canadiennes. C’est pourquoi le Canada semble assez ouvert aux investissements chinois[9].

En 2014 par exemple, un cycle de conférences a été organisé en Asie sur les opportunités d’investissements au Canada[10]. Ce cycle a débuté par le “Mining Investments Seminar” à l’Ambassade du Canada à Tokyo en octobre. Puis, s’est tenu le “Canada Mineral Forum” à Shanghai, le “China Mining International Conference” à Tianjin et enfin, l’“Exploration Exchange Conference” à Beijing. Ces conférences montrent l’effort effectué par le Canada pour attirer les investisseurs chinois.

Dans le monde universitaire, beaucoup de professeurs canadiens semblent appuyer cette position. Ainsi, selon le Professeur Byers, titulaire de la chaire de recherche du Canada en politique mondiale et en droit international travaillant régulièrement sur les problématiques arctiques, les investissements chinois sont les bienvenus pour la construction de ports, de rails et de développement des ressources naturelles. En revanche, il faut rester prudent face à la prise de capitaux chinois dans des secteurs plus ‘sensibles’ – comme les technologies militaires sensibles. Point intéressant, il souligne le réel avantage à coopérer avec les Chinois, car « contrairement aux États-Unis, la Chine ne remet pas en cause la souveraineté canadienne sur le Passage du Nord-Ouest »[11]. Par ailleurs, les investissements chinois pourraient permettre, par exemple, de rouvrir le port de Churchill, autrefois opéré par l’entreprise américaine OmniTRAX qui l’a fermé par soucis d’économie[12]. Le Professeur Lajeunesse[13] estime lui aussi que ces investissements en infrastructure seraient “gagnant-gagnant” pour le Canada et la Chine. Enfin, pour le Professeur Lackenbauer[14], les projets d’infrastructures en Arctique sont coûteux, risqués et souvent effectués sur le très long terme ; c’est pourquoi les investissements chinois semblent là encore une nécessité. En revanche, le Professeur Lasserre[15] souligne l’incertitude de l’accueil réservé par l’opinion publique face à la multiplication des investissements chinois. Il précise néanmoins qu’une telle opposition serait difficile à justifier étant donné le besoin évident d’investissements massifs en infrastructure dans cette région. Mais qu’en est-il dans les faits ? Cette approche canadienne peut être illustrée par quelques cas d’études du Nunavik.

C.–     Présence actuelle au Nunavik

Au Nunavik, le développement minier (nickel, amiante, cuivre) a débuté dans les années 1970. Après la chute du cours du nickel et du cuivre, son développement est relancé en 1980 par un programme de cartographie géologique qui permit de découvrir des métaux rares tels que le platine et le palladium[16].

Actuellement, des entreprises chinoises sont notamment impliquées dans les deux mines « actives » au Nunavik : Raglan (i) et ‘Nunavik Nickel’ (ii) et un projet ‘Lac Otelnuk Mining’ (LOM) (iii)[17].

(i) Le projet Raglan, situé dans le parc national des Pingualuit, a été lancé en 1995 par l’Entente Raglan qui prévoit une durée d’opération de quinze ans. L’Entente prévoyait l’ouverture d’une mine à ciel ouvert, d’hébergements, d’un concentrateur, d’un port et d’une piste d’atterrissage. En 1998, lors de l’ouverture de la mine, 600 millions de dollars canadiens avaient déjà été investis. Acquise en 2006 par la société suisse Xstrata auprès de Falconbridge, des investissements de 530 millions étaient annoncés en 2011. En mai 2013, suite à une nouvelle fusion, la nouvelle compagnie porte le nom de Glencore Xstrata.

(ii) En 2008, Canadian Royalties Inc., une société canadienne fondée en 2011, signe l’Entente Nunavik Nickel’ avec la volonté d’utiliser le modèle de l’accord avec les autochtones signé pour le Projet Raglan[18]. Malgré un investissement de 456 millions de dollars, la chute du cours du nickel en 2008 fait perdre 181 millions de dollars canadiens à la société qui met l’exploitation en pause. En 2009, la mine est rachetée par Gold Brook Venture à 25% et par Jilin Jien Nickel Co. à 75%. Après une interruption d’exploitation de deux ans due à un conflit entre les deux sociétés, l’effondrement d’un quai de la Baie Déception en 2011 fait perdre 15 millions de dollars canadiens aux sociétés. En 2012, Jilin Jien Nickel Co. acquiert les 25% restant de la mine, et garde le nom de Canadian Royalties Inc.[19].

(iii) Enfin, en 2011[20], l’entreprise chinoise Wisco (Wuhan Iron and Steel Group Company) lance un projet de construction d’un complexe minier de 13 millions de dollars dans la fosse du Labrador, zone subarctique du Nunavik. Située à 160 km au Nord de Schefferville et à 250 km au Sud de Kuujjuaq, le projet Lac Otelnuk Mining (LOM) prévoit la construction d’un concentrateur, d’une usine de bouletage, d’un tracé ferroviaire de 815 km vers le Sud du Lac Otelnuk et de l’expansion du port de 7 Îles pour permettre l’arrimage du cargo Chinamax. Ce projet table sur un objectif de 50 millions de tonnes de minerai de fer produit en 100 ans et sur l’emploi de 2 500 travailleurs permanents[21]. Il a pour partenaire canadien Adriana Resources, qui détient aujourd’hui encore les 40% de parts restantes[22]. Les capitaux ont, eux, été apportés à 70% par Wisco. A ce jour, l’investissement est estimé à environ 15 millions de dollars[23]. L’étude de faisabilité a été terminée en mars 2015 et les constructions seront lancées dès que le marché du fer sera favorable[24].

Ces exemples ont plusieurs points communs. Tout d’abord, l’on note que ces projets ont tous fait l’objet de multiples reprises. Si le projet ‘Nunavik Nickel’ a été lancé sous forme de joint-venture entre une société canadienne et une société chinoise, cette première s’est aujourd’hui retirée du projet. Par ailleurs, les montants investis en amont de ces exploitations sont conséquents et d’importantes sommes ont dû être réinjectées pour gérer des coûts de constructions imprévus. Enfin, on note qu’il arrive souvent que l’exploitation de ces mines soit mise en suspens, pour pallier la baisse du cours des matières premières concernées, mais également pour faire face aux coûts de transport des matières premières extraites vers des latitudes plus basses.

Ces éléments montrent la difficulté de voir les projets aboutir dans ces zones reculées. De nombreuses entreprises se retirent ainsi de la zone après avoir investi des sommes importantes. Ces retraits peuvent notamment être illustrés par les décharges à ciel ouvert que l’on retrouve dans la quasi-totalité des communautés arctiques.

2 – Les décharges à ciel ouvert, illustration des difficultés d’exploitation dans l’Arctique

Les développements précédents illustrent la difficulté de s’implanter durablement dans les zones arctiques. Cette difficulté peut également être illustrée par la présence de décharges à ciel ouvert présentes dans toutes les communautés arctiques, réalité méconnue du grand public (a) que nous illustrerons par l’exemple d’Aupaluk (b).

A.–      Une réalité méconnue du Nord

La très grande majorité des communautés arctiques sont pourvues de décharges à ciel ouvert. Si une partie de ces déchets provient des foyers (électroménagers cassés), l’autre est constituée de déchets d’entreprises ayant quitté la zone.

En effet, face aux coûts de production et de transport des matières premières vers le sud du pays, de nombreuses entreprises se voient obligées de cesser l’exploitation d’un gisement. Or, beaucoup partent en laissant le matériel – apporté par porte-conteneurs à grands frais – sur place afin de ne pas devoir repayer leurs transports. Les Inuit ayant une conception stricte de la propriété, les conteneurs, bidons, camions, tracteurs et autres équipements hors gabarits sont toujours sur place, exactement là où ils ont été laissés lorsque l’entreprise est partie.

Elément incontournable des communautés nordiques et du ‘paysage’ arctique, ces décharges à ciel ouvert peuvent être illustrées par l’exemple d’Aupaluk, communauté de la Baie d’Ungava, au Nunavik.

Carte des villages du Nunavik avec Aupaluk

Source : Société Makivik. Cartes du Nunavik[25]

B.–      L’exemple d’Aupaluk

Aupaluk, dont le nom vient du mot inuktitut auka (rouge), est située dans la Baie d’Ungava, entre Tasijuaq et Kangirsuk, à 150 km au Nord de Kuujjuaq. Plus petite communauté du Québec d’environ 200 habitants, Aupaluk est construite au fond d’une baie qui enregistre de forts coefficients de marées. Fascinantes à regarder (si l’on passe cinq minutes au bord de l’eau, le changement de marées se voit à vue d’œil), ces marées sont toutefois très dangereuses, même pour les habitués : nous avons entendu de nombreux récits de personnes s’étant retrouvées piégées par la marée montante. Le relief aux alentours étant très plat, Aupaluk est également la proie de rafales de vent impressionnantes.

Lors d’un terrain effectué en août 2016 à Aupaluk, nous avons pu apercevoir l’étendue des décharges à ciel ouvert. En effet, lors d’une promenade non loin de la communauté, nous sommes ‘tombés’ sur du matériel laissé dans une carrière à quelques centaines de mètres des habitations.

Sur les photos reproduites, nous pouvons voir des camions citernes, des tapis roulants, des conteneurs ou encore des bidons rouillés. Un nom d’entreprise est notamment apparent : « China Shipping ». La mine « Hopes Advance Bay »[26] ayant été fermée, ce matériel a été laissé sur place.

Après renseignement pris auprès de quelques Inuits, personne ne semble savoir quand – et si – ces ‘déchets’ seront réacheminés.

  • Aupaluk, août 2016

Source : M. Vullierme.

  • Aupaluk, août 2016

Source : M. Vullierme.

  • Aupaluk, août 2016

Source : M. Vullierme.

3 – Le défi de l’emploi des Autochtones

Avant d’aller plus loin, notons que la plupart des études mesurant l’impact du secteur minier sur les communautés autochtones ont été à ce jour effectuées pour des projets de latitudes inférieures aux zones arctiques. Les autochtones concernés ne sont donc pas Inuit, mais membres des Premières Nations ou Métis. Dès lors, peu d’éléments illustrent le défi de l’emploi des Inuits dans le secteur minier. Cela étant souligné, plusieurs initiatives fédérales, gouvernementales et d’entreprises existent pour l’emploi des Autochtones. Nous en présenterons quelques une (a) (b) avant d’illustrer ces défis (c).

A.–      Le Partenariat pour les Compétences et l’Emploi des Autochtones (PCEA)

Le Partenariat pour les Compétences et l’Emploi des Autochtones (PCEA) a été lancé en 2002 pour cinq ans. Ce programme avait pour but de développer des compétences à l’intention des Autochtones dans le « but de leur offrir un taux d’emploi optimal dans le cadre des grands développements économiques grâce à un partenariat de collaboration »[27]. L’objectif était de répondre aux besoins des Autochtones en matière de compétences et d’apprentissage en leur rendant les emplois accessibles.

Lancé avec un budget de 85 millions de dollars, le PCEA a été prolongé en 2007 après un réinvestissement de 105 millions de dollars. Le programme a été testé dans neuf projets en cours, aux tailles et secteurs différents. Parmi eux, deux projets concernent des Inuits qui représentent seulement 10% des participants[28]. Il s’agit de l’Initiative de formation dans le domaine de la pêche au Nunavut – d’un budget de 5,3 millions de dollars –, et du PCEA pour l’industrie pétrolière et gazière des Territoires du Nord-Ouest – d’un budget de 12,7 millions de dollars.

Une évaluation performative du PCEA[29] a montré que ce programme est essentiel pour créer davantage de partenariats efficaces avec les Autochtones et renforcer la collaboration. Les projets ayant fait l’effort de s’adapter aux besoins réels des Autochtones sont ceux qui ont le mieux fonctionné. Toutefois, dans certains cas, les formations proposées n’étaient pas adéquates – formations inadaptées pour des personnes non scolarisées ou encore, nécessitant de quitter sa communauté. Par ailleurs, sur les 1 574 clients ayant terminé un plan d’action, 54% sont toujours sans emploi[30].

B.–      Le Plan Nord

Un autre programme, le Plan Nord, a été lancé au Québec en 2014[31]. Ce plan prévoyait le dégagement d’investissements publics et privés liés au développement durable et à la construction d’infrastructure au Nord du 49e parallèle de la province. Lancé avec 50 millions de dollars, le gouvernement du Québec annonçait en avril 2017 avoir créé plus de 7 000 emplois dont « 5 400 associés à la construction de projets miniers et 1 600 à leurs opérations » et 350 liés à des projets concernant le transport, les télécommunications et le logement[32].

Le Plan Nord a fait face à plusieurs critiques. Pour certains, il est critiquable que le Gouvernement du Québec se retrouve à devoir investir pour attirer des sociétés étrangères – notamment chinoises – sur son territoire. Par ailleurs, si des fonds sont prévus pour développer l’exploitation des ressources naturelles, rien ne semble être prévu pour protéger l’environnement ou restaurer les sites abandonnés[33].

C.–     Cas d’études

Une étude récente de 2018 a montré l’impact des projets miniers sur l’emploi des Inuits[34]. Deux projets miniers ont été étudiés : le projet Raglan dont nous avons parlé ci-dessus et le projet de la Baie de Voisey. Située au Nunatsiavut (Terre-Neuve-et-Labrador), l’exploitation de la mine de la Baie de Voisey a débuté en 2002.

D’après cette étude, 18 à 20% d’Inuits sont employés dans la mine de Raglan et 10% d’Inuits sont employés par la société Canadian Royalties. Au Nunatsiavut, le taux d’emploi d’Inuits est de 42 à 45%[35]. Si l’on regarde plus précisément les postes occupés par des Inuits à Raglan, l’on peut voir que ceux-ci sont majoritairement recrutés comme concierges (55%) et comme opérateurs d’équipement lourd (Heavy Equipment Operator) (20%). 10% d’entre eux sont recrutés en tant qu’apprentis mineurs et 8% en cuisine. Ces chiffres intéressants montrent que les Inuits employés dans le secteur minier semblent occuper surtout des fonctions supports demandant peu de diplômes spécifiques.

Cette même étude montre que les revenus générés par le secteur minier ne sont pas significatifs pour la majorité des Inuits du Nunavik et du Nunatsiavut. Par exemple, les revenus du secteur minier représentent moins de 1% pour 58% (Nunavik) et 42% des Inuits (Nunatsiavut)[36].

Ces éléments peuvent être étayés par des exemples de projets miniers au Sud du Canada. Une étude de 2011[37] souligne l’augmentation de la pression envers les sociétés en termes de responsabilité sociale et environnementale, pression qui les pousse à la conclusion d’accords systématiques avec les Autochtones de la zone concernée par une éventuelle exploitation. Si l’on manque encore de données, une étude[38] a montré que la communication reste difficile et que les chocs culturels empêchent encore d’employer durablement les Autochtones. Cela est dû à des problèmes de racisme et au fort décrochage des salariés autochtones. Pour pallier à cela, certaines entreprises ont mis en place une politique de “tolérance zéro” (renvoi immédiat) en cas d’attitudes et de propos racistes envers les Autochtones. Depuis 2009, des compagnies minières proposent également des formations interculturelles aux cadres et aux superviseurs amenés à travailler avec des Autochtones. Par ailleurs, certaines entreprises mettent elles-mêmes en place des programmes de formations. Par exemple, le programme de formation Tamatumani (apprenti électricien, soudeur) a été lancé en 2008 pour le projet Raglan[39]. Ce programme octroi un minimum de 50 000 dollars annuellement pour la formation d’étudiants au Nunavik qui souhaiteraient travailler dans le secteur minier.

Ces quelques exemples montrent que le développement économique durable en Arctique fait encore face à des défis majeurs, que ce soit en termes de constructions d’infrastructures, de retour sur investissement ou encore, d’emploi des Autochtones.

Notes :

[1] Levon Sevunts, ‘China’s Arctic Ambitions No Threat to Canada’, Eye on the Arctic, RCInet.ca, 18 avril 2018, <http://www.rcinet.ca/eye-on-the-arctic/2018/04/18/china-not-threatening-canada-in-arctic-say-experts/>.

[2] Olga V. Alexeeva, Frédéric Lasserre, ‘The Snow Dragon: China’s Strategies in the Arctic’, China Perspectives, 2012, Volume 3, Mai 2014,             <https://www.researchgate.net/publication/259042726_The_Snow_Dragon_China_Perspectives>.

[3] Olga V. Alexeeva, Frédéric Lasserre, ‘La Chine en Arctique, Stratégie raisonnée ou approche pragmatique ?’, Arctic YearBook 2012, Janvier 2012            <https://arcticyearbook.com/images/Articles_2012/Alexeeva_and_Lassere.pdf>.

[4] Joseph Spears, ‘China’s Arctic rising’, 18 mars 2018, 2018, China’s Arctic Rising,        <https://canadiansailings.ca/chinas-arctic-rising/>.

[5] Levon Sevunts, ‘China’s Arctic Ambitions No Threat to Canada’, Eye on the Arctic, RCInet.ca, 18 avril 2018, <http://www.rcinet.ca/eye-on-the-arctic/2018/04/18/china-not-threatening-canada-in-arctic-say-experts/>.

[6] Ibid.

[7] Ibid.

[8] Levon Sevunts, ‘China’s Arctic Road and Belt Gambit’, Eye on the Arctic, RCInet.ca, 3 octobre 2017,      <http://www.rcinet.ca/eye-on-the-arctic/2017/10/03/chinas-arctic-road-and-belt-gambit/>.

[9] Levon Sevunts, ‘China’s Arctic Road and Belt Gambit’, Eye on the Arctic, RCInet.ca, 3 octobre 2017,      <http://www.rcinet.ca/eye-on-the-arctic/2017/10/03/chinas-arctic-road-and-belt-gambit/>.

[10] Investissement Québec, ‘Opérations mines en Asie’, 9 octobre 2014,             <http://www.investquebec.com/quebec/fr/salle-de-presse/nouvelle/Operation-mines-en-Asie.html>.

[11] Levon Sevunts, ‘China’s Arctic Road and Belt Gambit’, Eye on the Arctic, RCInet.ca, 3 octobre 2017,     <http://www.rcinet.ca/eye-on-the-arctic/2017/10/03/chinas-arctic-road-and-belt-gambit/>.

[12] Ibid.

[13] Levon Sevunts, ‘China’s Arctic Ambitions No Threat to Canada’, Eye on the Arctic, RCInet.ca, 18 avril 2018, <http://www.rcinet.ca/eye-on-the-arctic/2018/04/18/china-not-threatening-canada-in-arctic-say-experts/>.

[14] Ibid.

[15] Levon Sevunts, ‘China’s Arctic Road and Belt Gambit’, Eye on the Arctic, RCInet.ca, 3 octobre 2017, <http://www.rcinet.ca/eye-on-the-arctic/2017/10/03/chinas-arctic-road-and-belt-gambit/>.

[16] Pierre Philie, ‘Le développement minier au Nunavik et l’importance du parc national des Pingualuit pour protéger l’environnement et la culture inuit’, Développement industriel et impacts miniers, Études/Inuit/Studies, Volume 37, numéro 2, 2013, <https://www.erudit.org/fr/revues/etudinuit/2013-v37-n2-etudinuit01459/1025713ar/>.

[17] Pour voir une carte de 2015 montrant les mines actives et projets miniers sur le territoire du Plan Nord : Gouvernement du Québec, Société du Plan Nord Québec, 2015, ‘Mines actives et projets miniers sur le territoire du Plan Nord’, 2015, <http://plannord.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/2015/04/Carte-4-FR.pdf>.

[18] Ibid.

[19] Fondée en 2011, la Canadian Royalties Inc., est une filiale de la société Jien Canada Mining Ltd, elle-même filiale de la Jien International Investment Ltd., fondée en 2008 et située à Ottawa. Notons que la holding de tête est la Jilin Horoc Nonferrous Metal Group Company Ltd. Fondé en 1960 et situé à Panshi. Voir les profils de société sur Bloomberg. Exemple avec la Jien Canada Mining Ltd. :         <https://www.bloomberg.com/research/stocks/private/snapshot.asp?privcapId=65072735>.

[20] Martin Ouellet, ‘Les Chinois veulent construire un gigantesque complexe minier au Nunavik’, La Presse, 18 septembre 2011, <http://www.lapresse.ca/affaires/economie/energie-et-ressources/201109/18/01-4448852-les-chinois- veulent-construire-un-gigantesque-complexe-minier-au-nunavik.php>.

[21] Martin Ouellet, ‘Les Chinois veulent construire un gigantesque complexe minier au Nunavik’, La Presse, 18 septembre 2011, <http://www.lapresse.ca/affaires/economie/energie-et-ressources/201109/18/01-4448852-les-chinois- veulent-construire-un-gigantesque-complexe-minier-au-nunavik.php>.

[22] Mining Technology, ‘Lac Otelnuk Iron Project, Quebec’, <https://www.mining-technology.com/projects/lac-otelnuk-iron-project-quebec/>.

[23] Ibid.

[24] Ibid.

[25] Société Makivik, Cartes du Nunavik, Villages du Nunavik, <http://www.makivik.org/fr/cartes-du-nunavik/>.

[26] Gouvernement du Québec, Société du Plan Nord Québec, 2015, ‘Mines actives et projets miniers sur le territoire du Plan Nord’, 2015, <http://plannord.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/2015/04/Carte-4-FR.pdf>.

[27] Gouvernement Canadien, Ressources humaines et développement des compétences Canada, Direction de l’Évaluation, Évaluation formative du programme de Partenariat pour les compétences et l’emploi des Autochtones, Rapport final, mai 2009,      <https://www.canada.ca/content/dam/esdc-edsc/migration/documents/fra/publications/evaluations/competences_ emploi/2009/sp_ah_902_05_08f.pdf>.

[28] Ibid.

[29] Ibid.

[30] 26% ont trouvé du travail, 6% sont retournés aux études.

[31] Gouvernement du Québec, Société du Plan Nord Québec, <https://plannord.gouv.qc.ca/fr/>.

[32] Gouvernement du Québec, Société du Plan Nord Québec, ‘Plus de 7 000 emplois associés à des nouveaux projets du Plan Nord, 25 avril 2017, <https://www.newswire.ca/fr/news-releases/plus-de-7-000-emplois-associes-a-des-nouveaux-projets-du-plan-nord-620357593.html>.

[33] Patrice Bergeron, ‘Khadir dénonce l’esprit “colonisé” de Couillard’, Le Devoir, 10 avril 2015,   <https://www.ledevoir.com/politique/quebec/436873/nouveau-plan-nord-khadir-denonce-l-esprit-colonise-de-couillard>.

[34] Anteneh Belayneh, J-S Boutet, Thierry Rodon, The Impact of Major Mining Projects on Inuit Employment and Residency in the Canadian Sub-arctic, 2018              <https://www.mineral.ulaval.ca/sites/mineral.ulaval.ca/files/2.1.3_stephan_mineral2018.pdf>.

[35] Ibid. Diapositive 5.

[36] Anteneh Belayneh, J-S Boutet, Thierry Rodon, The Impact of Major Mining Projects on Inuit Employment and Residency in the Canadian Sub-arctic, Diapositive 19, 2018 <https://www.mineral.ulaval.ca/sites/mineral.ulaval.ca/files/2.1.3_stephan_mineral2018.pdf>.

[37] Bram F. Noble, Courtney Fidler, ‘Advancing Indigenous Community-Corporate Agreements : lessons from practice in the Canadian mining sector’, Oil, Gas & Energy Law Intelligence, mars 2011,            <https://www.researchgate.net/publication/264159781_Advancing_Indigenous_Community-Corporate_Agreements_lessons_from_practice_in_the_Canadian_mining_sector>.

[38] Pierre Philie, ‘Le développement minier au Nunavik et l’importance du parc national des Pingaluit pour protéger l’environnement et la culture inuit’, Développement industriel et impacts miniers, Études/Inuit/Studies, Volume 37, numéro 2, 2013, <https://www.erudit.org/fr/revues/etudinuit/2013-v37-n2-etudinuit01459/1025713ar/>.

[39] Glencore, Mine Raglan, ‘Tamatumani’,     <http://www.mineraglan.ca/fr/entente-raglan/tamatumani/Pages/default.aspx>.