Australie et Nouvelle-Zélande

Si l’intérêt polaire de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande est naturellement aiguisé par la proximité du pôle Sud, leur intérêt pour l’Arctique qui en découle est un enjeu naissant, mais dont l’évolution est à surveiller. Cet intérêt se fonde ainsi sur une légitimité polaire construite en Antarctique, et sur la présence de sociétés nationales (secteur minier).

L’Australie comme la Nouvelle-Zélande font partie des douze pays signataires initiaux du traité sur l’Antarctique de 1959 qui réglemente les relations entre les États signataires dans les territoires situés au sud du 60ème parallèle sud. Les deux pays possèdent des bases scientifiques en Antarctique. Le Territoire antarctique australien représente près de la moitié de la superficie totale de l’Antarctique, avec une taille de 6 119 818 km2. La Nouvelle-Zélande possède également une base scientifique (Scott) en Antarctique et revendique un territoire sur le continent, la dépendance de Ross, bien que cette revendication soit suspendue par le Traité de l’Antarctique. L’Australie ou la Nouvelle-Zélande ne sont pas tant des points de départs privilégiés pour le tourisme antarctique que pour la recherche scientifique. Ainsi, la majorité des croisières touristiques en Antarctique partent de l’Amérique du Sud plus proche (Punta Arenas, Ushuaïa, Port Stanley), même si quelques-unes partent d’Hobart en Tasmanie ou d’Invercargill en Nouvelle-Zélande. La ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande sert à ravitailler et soutenir les bases antarctiques de nombreux pays, lui valant le surnom de « porte de l’Antarctique » (Gateway to Antarctica). De même, le port de Hobart est une vraie base de départ pour les expéditions scientifiques antarctiques, australiennes et françaises (en Terre Adélie) et l’Australie possède un brise-glaces, Aurora Aurealis depuis 1990.

La conscience polaire des deux pays s’est révélée avec plus d’acuité à la suite du renouvellement du traité de l’Antarctique, avec le protocole de Madrid entré en vigueur en 1998 et son célèbre article 2 : « The Parties commit themselves to the comprehensive protection of the Antarctic environment and dependent and associated ecosystems and hereby designate Antarctica as a natural reserve, devoted to peace and science. »1Protocol on environmental protection to the Antarctic Treaty, 4 octobre 2011,
http://www.ats.aq/documents/recatt/att006_e.pdf
L’expertise scientifique que ces pays possèdent en matière de recherche polaire, pourrait ainsi bénéficier à la région arctique2Ainsi, l’Université de Canterbury en Nouvelle-Zélande possède un centre de recherché spécialisé sur l’Arctique, Gateway Antarctica, qui s’intéresse également aux questions arctiques..

La réflexion sur l’Arctique en Australie est plus pous­sée qu’en Nouvelle-Zélande et pourrait constituer « An Australian Niche » comme l’écrit Brad Halt3« Poles apart: the case for an Australian role at the Arctic Council », Brad Halt, Australian Institute of International Affairs, 26 mai 2015. http://www.internationalaffairs.org.au/poles-apart-the-case-for-an-australian-role-at-the-arctic-counci/. Pour l’Australie, postuler comme Observateur au Conseil de l’Arctique lui permettrait de renforcer sa diplomatie et son soft power dans une instance qui est devenue internationale autour de l’Arctique, région d’importance géostratégique mondiale et considérée comme un bien commun de l’Humanité4Ibid, « Application for observer status at the Arctic Council, supported by legitimate concerns about Arctic climate change, would constitute a valuable first step in rebranding Australia as a responsible, middle-power democracy. The Arctic Council and Arctic states would similarly benefit from the participation of an Australia recommitted to the ideals of international cooperation and dialogue, human rights, democracy, and sound environmental management. The Arctic embodies a unique opportunity for Australia to regain some of its bygone international reputation, and this should not be ignored. ».

Cependant, ces pays du Pôle sud sont cependant d’ores et déjà présents dans le Grand Nord, notamment par le biais d’entreprises australiennes qui exploitent les ressources de la Laponie et du Groenland. L’entreprise australienne Australia’s Greenland Minerals and Energy Limited, installée au Groenland depuis 2007, joue un rôle majeur en Arctique en ayant pour principal projet de développer la mine de Kvanefjeld dans le sud de l’île ; l’un des plus grands gisements du monde encore inexploité en terres rares, uranium et zinc5http://www.ggg.gl/.

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1. Protocol on environmental protection to the Antarctic Treaty, 4 octobre 2011,
http://www.ats.aq/documents/recatt/att006_e.pdf
2. Ainsi, l’Université de Canterbury en Nouvelle-Zélande possède un centre de recherché spécialisé sur l’Arctique, Gateway Antarctica, qui s’intéresse également aux questions arctiques.
3. « Poles apart: the case for an Australian role at the Arctic Council », Brad Halt, Australian Institute of International Affairs, 26 mai 2015. http://www.internationalaffairs.org.au/poles-apart-the-case-for-an-australian-role-at-the-arctic-counci/
4. Ibid, « Application for observer status at the Arctic Council, supported by legitimate concerns about Arctic climate change, would constitute a valuable first step in rebranding Australia as a responsible, middle-power democracy. The Arctic Council and Arctic states would similarly benefit from the participation of an Australia recommitted to the ideals of international cooperation and dialogue, human rights, democracy, and sound environmental management. The Arctic embodies a unique opportunity for Australia to regain some of its bygone international reputation, and this should not be ignored. »
5. http://www.ggg.gl/