Bulletin Avril 2020 – Amérique du Nord – Groenland/Danemark – Islande

ÉTATS‑UNIS

Les forces armées américaines s’entraînent dans toute la région

Les forces armées américaines ont conduit deux exercices dans l’Arctique tandis que le commandant du NORAD a de nouveau été auditionné sur le rôle de la Navy dans l’Arctique.

L’exercice de l’OTAN Cold Response 2020, qui devait se tenir du 12 au 28 mars 2020 autour du cercle Arctique près de Tromso (Norvège), a été annulé le 11 mars à la suite de l’épidémie de coronavirus et du retrait de délégations participantes (exemple de la Finlande le 9 mars). L’exercice comptait 14 000 soldats, dont 7 500 Américains. Son objectif était de permettre aux troupes de s’entraîner au débarquement d’hommes et de matériels, et d’effectuer des engagements de haute intensité dans des conditions arctiques. La France participait avec 400 militaires de la 27ème Brigade d’Infanterie de Montagne (voir le point de vue norvégien ci-après).

En parallèle, se tenait l’exercice ICEX près du camp de glace Camp Seadragon, à 300 km au Nord de Prudhoe Bay. Début mars, deux sous-marins nucléaires d’attaque (USS Connecticut SSN‑22 et USS Toledo SSN‑769) ont effectué des transits et fait surface à travers les glaces. Cet exercice biannuel de trois semaines vise à maintenir les capacités de l’US Navy à opérer dans l’Arctique et à coopérer avec ses alliés (Canada, Norvège, Grande-Bretagne et Japon). Le commandant des forces sous-marines américaines, le Vice-Amiral Daryl Caudle, a décrit l’Arctique comme « a potential strategic corridor – between Indo-Pacific, Europe, and the U.S. homeland – for expanded competition », raison pour laquelle ces exercices sont menés, alors que selon lui « the Submarine Force is expected to play a large role in our Arctic defense ».

Enfin, deux auditions au sein de la commission des forces armées du Sénat abordant des questions arctiques ont eu lieu les 3 et 5 mars. Durant la dernière, dédiée exclusivement à l’Arctique, le commandant du Northern Command (Northcom) et du North American Aerospace Defense Command (NORAD), le Général Terrence J. O’Shaughnessy, a affirmé que « The threats facing the United States and Canada are real and significant. The Arctic is no longer a fortress wall, and our oceans are no longer protective moats; they are now avenues of approach for advanced conventional weapons and the platforms that carry them ». Toutefois, ces propos ont été tempérés par un subordonné du sous-secrétaire de la Navy qui a décrit la zone comme étant à faible risque de conflit. Quant au Sénateur républicain de l’Alaska, Dan Sullivan, il a déploré le manque de préparation dans la zone de la Navy et le fait qu’elle n’y envoie que des sous-marins pour le moment. La Navy n’est en effet pas capable à ce jour de mener des Freedom Of Navigation Operation (FONOP) – opérations prévues dans la doctrine arctique du ministère de la Défense, mais qui pourraient fortement crisper le Canada et la Russie.

Sources : Military News, Arctic Today, Naval Technology, Zone Militaire, Navy.mil, Navy Times, Sénat américain, Sénat américain

De nouvelles banques annoncent leur désengagement du secteur pétrolier dans l’Arctique

Deux banques viennent d’annoncer leur retrait du secteur pétrolier dans l’Arctique, suivant les désengagements décidés notamment par Goldman Sachs et JPMorgan Chase.

Alors que le gouvernement fédéral s’apprête à délivrer de nouvelles licences d’exploitation dans deux régions du North Slope (Arctic National Wildlife Refuge et National Petroleum Reserve), les grandes banques continuent d’annoncer la fin de leurs investissements dans le secteur pétrolier en Alaska. Wells Fargo, la plus importante banque de l’État d’Alaska, rejoint ainsi Goldman Sachs (décembre 2019) et JPMorgan Chase (février 2020, cf. bulletin numéro 10), en annonçant ne plus investir dans des projets pétroliers dans l’Arctic National Wildlife Refuge. Par ailleurs, la banque suisse UBS a annoncé qu’elle gelait ses investissements dans les projets pétroliers offshore en Arctique. Les responsables autochtones de la nation Gwich’in (située dans le Nord-Est de l’Alaska et le Nord-Ouest du Yukon) ont favorablement accueilli cette annonce. D’autres nations autochtones, notamment les Inupiat, sont favorables à l’exploitation pétrolière dont ils bénéficient des retombées économiques. Toutefois, la crise du coronavirus a entraîné une chute spectaculaire des cours du pétrole due à une forte baisse de la demande et aggravée par la surproduction saoudienne. Cela risque d’impacter très fortement le secteur pétrolier en Alaska. ConocoPhillips a déjà annoncé la baisse de ses dépenses en Alaska de 200 millions de dollars. L’entreprise australienne Oil Search, qui développe le projet Pikka, devrait réduire ses dépenses de 200 à 400 millions de dollars.

Sources : Arctic Today, Anchorage Daily News, CBC

Les effets du coronavirus sur l’économie de l’Alaska se font déjà sentir

Alors que l’Arctique nord-américain reste peu touché pour le moment, les premiers effets économiques s’annoncent dévastateurs pour l’Alaska, ultra dépendante du pétrole et du tourisme.

Jusqu’au 12 mars, l’Alaska était le dernier État américain à ne pas avoir déclaré de cas de coronavirus. Mais l’État souffre tout de même des retombées  de la pandémie, et notamment de la fermeture de la frontière avec le Yukon voisin et de l’arrêt de la saison touristique demandé par le gouvernement américain. Cette saison annonçait un record de 1,44 million de touristes. Selon l’association de l’industrie de la croisière d’Alaska, les touristes ont dépensé environ 2,8 milliards de dollars en 2017. Le 25 mars, plusieurs croisières avaient déjà été annulées et d’autres devraient l’être dans les jours qui viennent selon les autorités. Le Canada a interdit toutes les croisières dans ses eaux jusqu’au 1er juillet 2020. Or, de nombreux bateaux de croisière américains mouillent habituellement dans des ports canadiens (voir ci-après, Canada). De plus, le port de Seattle, d’où partent de nombreux navires de croisière pour l’Alaska, a fermé. Le village de Skagway, dont les 800 habitants vivent quasi exclusivement des navires de croisière (environ 400 navires par an), risque d’être extrêmement touché.

Ajouté à cela, la chute du cours du pétrole, dont l’Alaska est presque complètement dépendante, annonce des perspectives économiques désastreuses pour l’État. Au regard des cours actuels du pétrole, Mouhcine Guettabi (économiste de l’Université d’Alaska à Anchorage et membre de l’Institut de recherche sociale et économique) annonce des pertes de l’ordre de $500 à $700 millions, avec un baril de Brent à 26 dollars au 25 mars 2020. Le coût d’équilibre du pétrole produit en Alaska est de 39 dollars par baril.

Sources : The Points Guy, USA Today, Anchorage Daily News, Puget Sound Business Journal, Anchorage Daily News, Cruise Fever, Anchorage Daily News, Arctic Today, Cruise Lines International Association Alaska

CANADA

Des budgets en déficit pour deux des trois Territoires arctiques canadiens et des revenus en hausse dans le secteur minier au Nunavut

Les trois Territoires arctiques canadiens ont annoncé leurs budgets. Ceux-ci sont très axés sur la santé et les infrastructures, et la volonté de soutenir le secteur minier, qui a notamment rapporté le plus d’argent en 2019 au Nunavut.

Mise en garde : Les budgets présentés ici ont de fortes chances d’être modifiés avec les effets de la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie du coronavirus.

Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (TNO) prévoit des revenus de 2,19 milliards de dollars canadiens. Ce budget porte la dette du Territoire à 1,2 milliard de dollars pour une limite d’emprunt autorisée de 1,3 milliard de dollars. Ce budget a été calculé en prenant en compte l’augmentation de revenus, qui permettra au TNO d’augmenter à son tour ses dépenses d’investissement de 94 millions de dollars par rapport au budget précédent. Celles-ci serviront aux secteurs de la santé, des services sociaux et aux infrastructures, mais aussi au secteur touristique et minier.

Le budget du gouvernement 2020-2021 du Yukon s’élève à 1,62 milliard de dollars. Une partie de ce budget, 369,7 millions de dollars, est destinée aux infrastructures et aux logements dans les zones rurales. Ces projets sont notamment liés à la construction du câble de fibre optique Dempster Fibre Line entre Inuvik et Dawson City et à la réfection de routes, ponts et aéroports. Enfin, ce budget prévoit de supprimer l’impôt des petites entreprises. Ce budget a été calculé avec une prévision d’augmentation du PIB de 6,2 % en 2020 et de 5,7 % en 2021 « en raison d’une reprise du secteur minier ».

Le gouvernement du Nunavut (GN) a présenté un budget déficitaire, dû à un dépassement de 10 millions de dollars pour les déplacements de santé en direction des hôpitaux et médecins du sud (soit 102 millions de dollars au total). Les dépenses de santé représentent généralement un quart du budget de 2,35 milliards de dollars. Dans ce budget 2020-2021, elles sont augmentées de 37,9 millions de dollars a annoncé le ministre des Finances et de la Santé, George Hickes.

En 2019, le déficit du Territoire était de 452 millions sur les 650 millions de dollars autorisés. Le secteur minier a, semble-t-il, été moteur dans l’économie du Nunavut, avec la mise en exploitation de la mine d’or Meliadine (Agnico Eagles, Rankin Inlet) en mai 2019. Selon Ressources naturelles Canada, les productions en or (+43 %) et en minerais de fer (+5 %) ont augmenté les revenus du GN et les revenus distribués au Nunavut (+27 %, soit 279 millions de dollars de plus qu’en 2018), pour un total de revenus de la production de 1,3 milliard de dollars. Enfin, la ministre de la Justice Jeannie Ehaloak a annoncé l’augmentation au 1er avril du salaire minimum à 16 dollars de l’heure (contre 13 dollars auparavant). Bien que ce soit le salaire minimum le plus élevé au Canada, le Territoire connait un coût de la vie de deux à trois fois plus élevé que dans les autres provinces et territoires.

Sources : Nunatsiaq, CBC, Regard sur l’Arctique, Regard sur l’Arctique, Regard sur l’Arctique

Gel de la création de zones protégées avant la signature d’un accord de dévolution des droits des Inuits sur les terres et les ressources au Nunavut

Jusqu’à la signature d’un accord de dévolution des droits aux Inuits, certains responsables inuits appellent le gouvernement fédéral à ne plus prendre de décision impliquant les ressources situées sur les terres et zones marines actuellement sous juridiction fédérale.

Lors de sa visite à Iqaluit (Nunavut), le ministre des Affaires du Nord Dan Vandal a souligné que les problèmes actuels du territoire résultent de décennies de politiques racistes dont le gouvernement fédéral doit endosser la pleine responsabilité. Dans ce contexte, le Premier ministre du gouvernement du Nunavut, Joe Savikataaq, et son ministre de l’Économie, du développement et des transports, David Akeeagok, appellent à geler les processus de création de nouvelles aires protégées dans le Territoire. Ils demandent également le gel de la future révision de la décision d’appliquer un moratoire sur l’exploitation du pétrole en Arctique, tant qu’un accord de dévolution sur les droits des Inuits sur les terres et les ressources du Nunavut n’est pas signé. Les Inuits veulent avoir les mains libres sur leur Territoire dans le cas où un accord de dévolution des droits sur les terres et les ressources appartenant au fédéral est signé entre le gouvernement fédéral et celui du Nunavut. Cet accord permettrait au Nunavut de bénéficier des royalties issues des exploitations effectuées sur les zones qui lui seront transférées. Pour le moment, les organisations inuits ne possèdent et contrôlent que 18 % du Territoire suite à la signature de l’accord de création du Nunavut en 1999. La signature de ce nouvel accord est attendue pour 2022, pour une application en 2025, alors qu’un accord de principe a été signé en août 2019. Toutefois, cet objectif pourrait ne pas être atteignable au regard du manque de personnels qualifiés disponibles au Nunavut pour prendre en charge les postes permettant la gestion des terres, zones marines et les ressources de tout le Territoire. Un déficit que le gouvernement du Nunavut espère réduire par l’investissement de 5 millions de dollars par an dans la formation des personnels nécessaires à ces futurs postes.

Sources : Nunatsiaq, Nunavut News, Nunatsiaq, Nunatsiaq

Les forces armées canadiennes mobilisées pour l’Opération NANOOK-NUNALIVUT 2020 et la surveillance aérienne

L’exercice Nanook-Nunalivut a réuni des centaines de soldats canadiens et leurs alliés à travers l’Arctique canadien ; alors que les chasseurs canadiens, avec le soutien de l’US Air Force, ont dû intercepter deux avions de patrouille maritime russes au large de l’Alaska.

Entre le 24 février et le 27 mars 2020, l’opération NANOOK NUNALIVUT 2020 s’est déroulée entre Resolute Bay, la base Eureka et Rankin Inlet. Dirigée par le 12ème Régiment blindé du Canada (12 RBC), elle a mobilisé 350 soldats canadiens, des Rangers inuits et des troupes alliées (plongeurs des armées finlandaise, française et belge et Garde Nationale américaine). Cette opération visait à « améliorer et mettre à l’épreuve leurs compétences spécialisées dans le domaine arctique et réaffirmer leur capacité d’opérer dans le Haut Arctique ». Pour la première fois durant cette opération annuelle, un scénario opérationnel a guidé la nature de tous les entraînements. Par ailleurs, le 9 mars, le NORAD a fait décoller des chasseurs F‑22 américains et CF‑18 canadiens – soutenus par des ravitailleurs en vol KC‑135 Stratotanker et un avion de surveillance aérienne E‑3 Sentry AWACS – pour intercepter deux avions de reconnaissance maritime russes Tu‑142, entrés dans la zone de défense aérienne de l’Alaska. Les avions russes ont survolé la zone de la mer de Beaufort pendant près de quatre heures – survolant le camp de glace Seadragon de l’exercice américain ICEX 2020 – et se sont approchés à 92 kilomètres de la côte de l’Alaska, mais sans jamais entrer dans l’espace aérien américain.

Sources : Eye on the Arctic, Anchorage Daily News, 45e Nord, 45e Nord, 45e Nord

 

Les premières conséquences du coronavirus dans l’Arctique canadien

Les Territoires canadiens de l’Arctique sont, eux aussi, touchés par des mesures prises contre la pandémie de coronavirus.

Les trois Territoires arctiques canadiens ont déclaré l’urgence sanitaire, leur permettant d’engager des mesures de précaution contre la propagation du virus, comme la mise en place de mesures de distanciation sociale et l’appel à rester chez soi ou encore, l’interdiction de rassemblement. Ces mesures préventives semblent essentielles étant donné le manque d’infrastructures, la surpopulation dans les logements et la très forte insécurité alimentaire. La frontière entre l’Alaska et le Yukon a été fermée pour les déplacements non essentiels et tous les bateaux de croisière ont interdiction d‘accoster dans les ports de l’Arctique canadien jusqu’au 1er juillet 2020. Enfin, un plan national de 82 milliards de dollars a été annoncé, distribués aux Canadiens pour tenter d’atténuer les effets de la crise sanitaire. Un fonds spécial de 305 millions de dollars, le Fonds de Support des communautés indigènes, a été créé spécifiquement pour les communautés autochtones a annoncé le ministre des Services autochtones Marc Miller. Par ailleurs, les Territoires recevront également une part des 50 millions de dollars pour soutenir les refuges pour femmes victimes de violences et pour sans-abris. Enfin, ils recevront une part des 500 millions de dollars annoncés par le Premier ministre Trudeau pour aider les systèmes de santé.

Yukon

Le 25 mars, trois cas de coronavirus sont recensés au Yukon. Un comité consultatif pour les entreprises a été mis en place et les écoles sont fermées. Par ailleurs, les Jeux d’hiver de l’Arctique, une compétition sportive annuelle qui devait se tenir de 15 au 21 mars à WhiteHorse, ont été annulés. Elle devait rassembler 2 000 participants de nombreux pays de l’Arctique. Enfin, les rassemblements de plus de 50 personnes sont interdits et les lieux publics sont fermés.

Territoire du Nord-Ouest (TNO)

Dans les Territoires du Nord-Ouest, le ministre de l’Éducation recommande l’annulation totale de l’année scolaire en cours – alors que les écoles sont fermées –, des restrictions de déplacements et des mesures de distanciation sociale ont été mises en place. Les rassemblements de plus de 50 personnes sont interdits. L’hôpital de la capitale des TNO, Yellowknife, n’a que 13 respirateurs artificiels pour tout le territoire. Au 25 mars, un seul cas d’infection du coronavirus été déclaré.

Nunavut

Le Nunavut pourrait être plus durement touché qu’ailleurs au pays. Un seul hôpital existe à Iqaluit pour tout le Territoire. Au 25 mars, il n’y a aucun cas détecté, mais des mesures ont été prises dans le cadre de l’urgence sanitaire déclarée par le ministre de la Santé du Territoire : les rassemblements publics sont interdits, les églises et les restaurants sont fermés – ils ne peuvent proposer que des plats à emporter –, les bars, les écoles et les garderies sont fermés. Le Premier ministre appelle à respecter les mesures de distanciation sociale. Interdiction est faite aux non-résidents, sauf exception, de se rendre au Nunavut ; les autres devant observer un confinement de 14 jours à leur retour ; les employés gouvernementaux non essentiels travaillent de chez eux. Le secteur des mines, vital pour les Territoires, est également touché : deux mines de l’entreprise Agnico Eagle, Meliadine et Meadowbank, ont renvoyé chez eux leurs travailleurs inuits pour les protéger d’une éventuelle contamination par des travailleurs venus du sud. Les mines restent pour le moment actives.

Sources : Regard sur l’Arctique, Anchorage Daily News, APTN News, Regard sur l’Arctique, Radio Canada, Arctic Today, Anchorage Daily News, Nunavut News, Regard sur l’Arctique, Regard sur l’Arctique, Regard sur l’Arctique

 

GROENLAND/DANEMARK

Lutte contre le coronavirus au Groenland

Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, le Groenland a pris une série de mesures notamment afin de permettre le renforcement des pouvoirs de police et l’arrêt de la vente d’alcool.

À la suite du premier cas confirmé de coronavirus (16 mars 2020), le Groenland a pris une série de mesures pour limiter le développement de la pandémie : confinement (17 mars), mise à l’arrêt de l’ensemble du trafic aérien (20 mars), fermeture des écoles (23 mars), interdiction de la vente d’alcool (28 mars), ainsi que le développement d’une législation d’exception, prévoyant l’autorisation pour la police de contrôler l’intérieur des maisons sans mandat d’un juge. Ce dernier point, dont l’interprétation varie, a fait l’objet d’une contestation vive et a été modifié. Le confinement associé à l’interdiction de vente d’alcool génère de nombreuses inquiétudes quant à la violence faite aux enfants, en particulier pour les familles actuellement suivies par les services sociaux.

Sources : High North News, 17 mars, Simple Flying, 23 mars, Sermitsiaq-AG, 30 mars, 31 mars (1), 31 mars (2), 31 mars (3)

Le Danemark rendu plus vulnérable à l’influence étrangère ?

Trine Bramsen, ministre danois de la Défense, exprime des inquiétudes quant aux impacts géopolitiques potentiels de la pandémie de Covid-19.

Ces inquiétudes, partagées par les services de renseignement norvégiens et suédois, portent notamment sur la diffusion d’informations préjudiciables et la prise de position inamicale au sein d’entreprises fragilisées par la crise sanitaire (Jyllands-Posten, le 30 mars 2020). Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, le Danemark est un des pays nordiques ayant agi le plus rapidement, la fermeture des frontières étant intervenue dès le 14 mars, pour un mois minimum (Yle, le 13 mars).

ISLANDE

Mi-mars, deux bombardiers furtifs B2 américains ont survolé l’Islande aux côtés d’avions de chasse britanniques et norvégiens

Ces deux bombardiers furtifs B2 ont survolés l’Islande six mois après le premier vol effectué par les B2A Spirit.

Le 16 mars, deux bombardiers furtifs B2 américains ont survolé l’Islande, aux côtés d’avions de chasse britanniques et norvégiens. Ce vol intervient six mois après le vol d’essai des B2A Spirit, interprété à l’époque comme un regain d’attention américain pour la zone arctique, et plus particulièrement, de la position stratégique de l’Islande – entre Amérique du Nord et Europe. Ces vols de B2 ont été effectués dans le cadre d’un déploiement de la Bomber Task Force Europe 20-2 en décollant de la base aérienne de Fairford (Royaume-Uni). Ils étaient accompagnés de F‑15C Eagles britanniques et de F‑35 Lightning II norvégiens, qui ont décollé respectivement de Fairford et de Keflavik. Les F‑35 norvégiens ont été déployés le 19 février 2020 en Islande dans le cadre de leurs missions de surveillance et d’interception aéroportées avec l’OTAN. Ils ont atterri avec 130 militaires et civils pour travailler avec les garde-côtes islandais pendant leur déploiement de trois semaines.

En pleine crise Covid-19, la coopération reste active entre l’Islande et les États-Unis, notamment avec l’envoi de marchandises

La coopération entre l’Islande et les États-Unis semble être privilégiée pendant la crise sanitaire.

Mardi 17 mars, le ministre des Affaires étrangères Guðlaugur Þór Þórðarson et le Secrétaire d’État Mike Pompeo ont échangé au téléphone concernant la fermeture des frontières américaines en raison de la crise sanitaire mondiale. Guðlaugur Þór a insisté sur l’impact de cette décision sur le transport de passagers, Reykjavik étant un gros aéroport de transit entre l’Europe et les États-Unis. Le 25 mars, un Boeing 767, habituellement destiné au transport de passagers, a chargé 20 tonnes de marchandises dans ses soutes à bagages à destination des États-Unis. Icelandair Cargo a également annoncé l’ouverture exceptionnelle d’une liaison de transport de marchandises vers Boston. La compagnie a également été approchée par le secteur norvégien de la pêche, en mal de solutions pour transporter ses saumons vers les marchés. Une solution pourrait être de se tourner vers la Chine, qui a rouvert ses marchés alimentaires, fermés depuis janvier.

effets ? conséquences ? [JG1]

 

Jean-Paul Vanderlinden (CEARC), Magali Vullierme (CEARC), Michael Delaunay (CEARC)