Bulletin Juin 2019 – Groenland/Danemark

Annulation de la visite de Mike Pompeo au Groenland

L’annulation de la visite de Mike Pompeo au Groenland est une conséquence de l’agenda international américain.

La visite prévue de longue date pourrait s’inscrire dans le cadre d’une volonté d’affirmer le leadership américain dans l’Arctique et de mettre en garde contre l’influence chinoise. Cette volonté a été éclipsée par les commentaires de Pompeo sur le changement climatique lors de son discours en Finlande (cf. États-Unis). L’explication de cette annulation peut être trouvée dans l’agenda international imposé par la présidence Trump, la dégradation récente de la situation vis-à-vis de l’Iran et le renouvellement de la rhétorique de guerre commerciale avec la Chine, ces éléments étant utilisés pour justifier le rappel d’urgence de Pompeo à Washington.

Réouverture d’une représentation diplomatique des États-Unis au Groenland

Les États-Unis ont annoncé leur intention d’ouvrir une représentation diplomatique au Groenland.

L’ambassade américaine à Copenhague a annoncé que les États-Unis allaient rétablir une présence permanente du Département d’État au Groenland. Cette décision soulignerait l’intérêt croissant des États-Unis pour l’Arctique et l’intérêt des Américains pour un dialogue accru avec le Groenland. Néanmoins, il est un peu ironique que cette annonce soit concurrente à l’annulation de la visite de Mike Pompeo. Cette réouverture, alors qu’une représentation existait entre 1950 et 1953, est accueillie positivement par le gouvernement groenlandais dans le cadre de sa politique de développement des relations économiques, commerciales et politiques avec l’Amérique du nord.

Accélération de la fonte de l’inlandsis

Une étude récente indique une perte de masse de l’inlandsis groenlandais multipliée par six à partir des années 1980.

Une reconstruction sur 46 ans des changements de glacier au Groenland, présentée dans un article publié dans les Proceedings of the National Academy of Science (PNAS, mai 2019), indique une perte de masse multipliée par six à partir des années 1980. Pour l’avenir, les auteurs s’attendent à ce que les changements de masse dans la partie nord du Groenland revêtent une importance capitale pour l’élévation du niveau de la mer, en raison de la grande réserve de glace au-dessus du niveau de la mer et du potentiel de rétroaction positive venant accélérer le phénomène. Cette accélération de la fonte de l’inlandsis, et son impact sur les océans, annoncent potentiellement un intérêt encore accru pour l’évolution de l’inlandsis groenlandais.

Appui de chercheurs de la National Science Foundation par la 109th Airlift Wing de l’US Air Force

L’US Air Force apporte un soutien logistique à des chercheurs travaillant sur les changements climatiques.

Environ 80 aviateurs et trois appareils Hercules LC‑130 ont quitté la Stratton Air National Guard Base pour Kangerlussuaq, au Groenland. Il s’agit de la première des six rotations vers le Groenland. Environ 200 aviateurs participeront aux missions d’avril à août. Ces opérations apportent leur soutien à la National Science Foundation en transportant du carburant, des marchandises et des passagers à destination et en provenance des différents camps établis au Groenland. Il est peut-être amusant de noter que la présidence américaine semble nier l’existence de cet appui de l’Armée à une recherche essentiellement focalisée sur les changements climatiques.

 

Jean-Paul Vanderlinden (CEARC), Magali Vullierme (CEARC), Michael Delaunay (CEARC).