Bulletin Juillet 2019 – Norvège, Suède, Finlande, Russie

La Russie réalise de nombreux exercices militaires à proximité de la Norvège

Des troupes d’élite russes ont procédé à un exercice dans la baie de Pechenga, à proximité de la frontière norvégienne. Ces manœuvres s’accompagnent d’une série d’exercices pour les unités militaires de la péninsule de Kola durant le mois de juin.

Située à seulement une quinzaine de kilomètres de la Norvège, la baie de Pechenga a été le théâtre d’un exercice de troupes d’élite de l’armée russe. Celui-ci a débuté le 7 juin et s’est déroulé à partir du navire de débarquement Kondopoga. Des troupes d’élite ont été déployées ainsi que du matériel militaire dont des véhicules blindés de transport de troupes BTR‑82A, des véhicules blindés auxiliaires polyvalents entièrement amphibies MTLB‑V et des camions de type KAMAZ et Ural. L’exercice incluait notamment l’embarquement de matériels à la fois depuis le rivage et à flot (Communiqué du ministère de la Défense russe). La tenue de cet entraînement a été également l’occasion de mener des cours d’instruction aux assauts amphibies qui font partie intégrante de l’entraînement au combat des mécaniciens-conducteurs des unités terrestres et côtières de la flotte du Nord. Selon le ministère de la Défense, les militaires étudient et pratiquent différentes opérations tactiques au cours de ces exercices.

Un exercice militaire de combat aérien et naval s’est déroulé en mer de Barents impliquant le croiseur lance-missile Maréchal Ustinov, le destroyer anti-sous-marin Severomorsk en « force bleue » (défense) et des Su‑33 en « force rouge » (attaque). L’objectif était principalement de travailler sur la détection, le ciblage et la classification des cibles aériennes (Communiqué du ministre de la Défense russe). Quelques jours auparavant, un exercice de chasse et lutte anti-sous-marine avait eu lieu, sollicitant à la fois des sous-marins et des petits appareils sous-marins intégrés à ces cellules tactiques multi-domaines (air-mer) (Communique du ministre de la Défense russe).

De manière générale, ces exercices s’inscrivent dans une période particulièrement active en matière d’entraînement au combat dans la péninsule de Kola. Ainsi, sur la première phase du mois de juin (du 1er au 10), plus d’une centaine d’activités d’entraînement, en grande partie en mer, ont été revendiquées par le ministère de la Défense, qui annonçait notamment des exercices de chasse sous-marine et des manœuvres amphibies mer-terre (Communiqué du ministère de la Défense russe). Ces entraînements ont été suivis par un exercice de mobilisation globale de la flotte du Nord à la fin du mois de juin 2019 (Communiqué du ministère de la Défense russe).

La Russie teste un nouveau missile bientôt déployé en Arctique

La flotte du Nord russe a effectué des tests de son nouveau système de missile Tor-M2DT. Ces tests qui ont été effectués au centre d’essai Kapoustine Iar, dans le sud du pays, doivent permettre son déploiement sur les îles russes dans l’océan Arctique.

Au cours du mois de juin, l’armée russe a procédé aux tirs de son nouveau système de missile de courte-portée Tor‑M2DT (également connu sous le nom SA‑15 Gauntlet) dans le camp d’essai Kapoustine Iar, situé dans l’oblast d’Astrakhan. Les systèmes de missile Tor ont été conçus pour une utilisation sur tout type de théâtre de combats. Les militaires appartenant à l’unité de défense aérienne de la flotte du Nord, ayant suivi un programme de formation dans un centre rattaché aux Forces de défense aérienne des forces terrestres (PVO SV), ont procédé à ces tirs de missiles anti-aériens (Communiqué du ministère de la Défense russe).

Ce système de défense serait destiné aux îles de l’Arctique russe où des bases russes sont installées comme l’archipel de la Nouvelle Zemble ou l’île Wrangle. Aussi le système Tor n’est pas le premier dispositif déployé dans l’Arctique russe. En effet, la flotte du Nord a préalablement testé le système Bastion sur la base de Kotelny, localisée sur l’île de Nouvelle-Sibérie (Communiqué du ministère de la Défense russe).

Bien que ce système de missile soit sur le point d’être déployé dans l’Arctique russe, le Chef d’état-major de la marine russe rappelle que « ces missiles sont destinés à assurer la sécurité de l’espace aérien au-dessus de la route maritime du Nord » (The Moscow Times). Cette posture officielle s’inscrit dans une doctrine défensive de son espace arctique.

Inauguration du brise-glace russe Ural à Saint-Pétersbourg

La Russie vient d’inaugurer son nouveau brise-glace Ural affirmant les promesses attendues du développement de la route maritime du Nord (NSR). Ce lancement vient contribuer aux grands projets d’exploitation des ressources naturelles, en particulier le gaz naturel dans la péninsule de Yamal.

Le 25 mai dernier s’est déroulé à Saint-Pétersbourg le baptême du dernier brise-glace nucléaire de la Rosatomflot. Le brise-glace Ural est le troisième de la génération LK‑60Ya comprenant deux réacteurs nucléaires. L’introduction de ce brise-glace s’inscrit dans une stratégie globale de développement de la route maritime du Nord par les autorités russes.

Pour l’heure, les brise-glaces Yamal et 50 Let Pobedy, toujours en activité, sont vieillissants et destinés à être remplacés par cette nouvelle génération. Toutefois, le brise-glace Ural n’entrera pas en opération dans les eaux arctiques avant 2022 (The Independent Barents Observer). Vyacheslav Ruksha, responsable de la direction NSR au sein de Rosatom, explique que « sans une flotte de brise-glaces nucléaires moderne, il est impossible d’imaginer le développement de la route maritime du Nord » (Communiqué de presse de Rosatom). Le programme de modernisation de la flotte de brise-glaces comprend à ce stade trois nouveaux appareils. L’entreprise publique Rosatom apparaît dès lors comme le grand archi­tecte de la NSR.

En effet, parallèlement à ce lancement, deux autres brise-glaces sont actuellement en préparation dans le port de Saint-Pétersbourg. Ces futurs brise-glaces Artika et Sibir complèteront le dispositif pour assurer le trafic maritime sur la NSR. Ceux-ci doivent être mis en opération respectivement en mai 2020 et 2021. Les essais en mer de l’Arktika devaient débuter en décembre prochain. Ces navires d’une puissance propulsive de 60 MW seront, dans un premier temps, affectés en mer de Kara pendant la période hivernale pour l’escorte des tankers LNG en provenance du terminal de Sabetta. Après 2022, cette flotte de brise-glaces sera en capacité de maintenir un trafic ouvert tout au long de l’année sur la route maritime du Nord.

Mais l’ambition des autorités russes sur le développement de la NSR ne semble pas s’arrêter là. Ainsi, des négociations sont en cours pour la construction de deux brise-glaces supplémentaires d’ici 2027. Or, ces projets doivent être compris dans le cadre du programme de développement global de l’Arctique russe. Pour Denis Kravchenko, Vice-président de la commission de la Douma sur la politique économique, l’industrie, l’innovation et l’entreprenariat, « avec les projets d’extraction des ressources naturelles, le développement des territoires arctiques, la flotte de brise-glaces nucléaires russes est tout simplement indispensable » (Regnum). Les autorités russes ont pour objectif le transit de plus de 80 millions de tonnes de chargements par la route maritime du Nord.

Construction d’un terminal portuaire dans la péninsule de Gydan

Le projet de construction du terminal d’Utrenniy dans la péninsule de Gydan, district autonome de Iamalo-Nénétsie, a été approuvé par une commission nationale d’experts. Ce projet est une extension infrastructurelle dans le cadre du projet gazier « Arctic LNG 2 » développé par Novatek.

Une commission nationale d’experts a approuvé le projet de développement d’un terminal dans la péninsule de Gydan, située dans le district autonome de Iamalo-Nénétsie. Le terminal d’Utrenniy doit faciliter la logistique des projets gaziers dans la péninsule du Yamal, en priorité le futur projet « Arctic LNG 2 » développé par l’entreprise Novatek. La cons­truction de ce terminal se déroulera en sept étapes. Les trois premières étapes seront directement prises en charge par le gouvernement fédéral alors que les quatre étapes restantes seront sous la responsabilité de la société OOO Arktik SPG‑2 (Glavgocekspertiza Rossii).

En avril 2019, le gouvernement russe a autorisé l’inclusion de cette infrastructure dans le cadre du futur projet gazier. Ce nouveau terminal portuaire doit participer à l’accroissement du fret maritime sur la route maritime du Nord avec un objectif de 80 millions de tonnes d’ici 2024 (Kommersant). Le coût total de la construction du terminal d’Utrenniy ainsi que les travaux d’aménagement du golfe d’Ob sont évalués à 112,2 milliards de roubles (environ 1,57 milliard d’euros).

Construction d’un nouveau terminal portuaire à Mourmansk (voir également le bloc de veille « Trafic maritime »)

La construction d’un nouveau terminal doit permettre à Mourmansk de posséder « le port le plus moderne du pays ». Ce projet s’inscrit dans la stratégie de développement de la route maritime du Nord (NSR).

La construction du nouveau terminal Lavna, sur la côte ouest de la baie de Kola, a pour ambition d’augmenter la capacité de fret à partir du port de Mourmansk. Cette nouvelle infrastructure permettrait d’accueillir jusqu’à 18 millions de tonnes de matériaux. La mise en service de ce terminal est programmée pour le premier trimestre 2023. Le projet d’investissement est notamment porté par les sociétés AO Infotek Baltika et le groupe PhosAgro, spécialiste dans la production d’engrais (Communiqué de presse du gouvernement de l’oblast de Mourmansk).

Le coût de ce nouveau terminal est estimé à 34 milliards de roubles (soit près de 476 millions d’euros). Ce chiffre est nettement supérieur aux estimations fournies par les autorités locales de l’oblast de Mourmansk en 2018 (The Independent Barents Observer). Pour Maxim Akimov, vice-Premier ministre russe, « le point de non-retour a été franchi » et permettra à Mourmansk de posséder « le port le plus moderne du pays » (Communiqué de presse du gouvernement de l’oblast de Mourmansk). La structure actionnariale des développeurs du terminal est composée ainsi : Centre pour le développement pour l’infrastructure portuaire (30%), Biznesglobus (20%), Chemins de fer russes – RZhD (25%) et Sibirskiy Delovoy Soyuz (25%).

La compagnie finlandaise Outotec participera au développement de la mine de zinc sur l’archipel de la Nouvelle Zemble (Novaya Zemlya)

La signature d’un accord de partenariat entre l’entreprise finlandaise Outotec, spécialiste des technologies minières, et l’entreprise First Ore-Mining (AO Pervaya gornorudnaya kompaniya), filiale du groupe AtomRedMetZoloto (ARMZ), consolide le projet minier sur l’archipel de Novaya Zemlya.

Le 7 juin, dans le cadre du Forum économique de Saint-Pétersbourg, l’entreprise finlandaise Outotec a signé un accord de partenariat avec l’entreprise minière First Ore-Mining. Cette dernière est une filiale du groupe minier, spécialiste dans l’extraction d’uranium, ARMZ qui fait partie du groupe Rosatom. Cet accord signé précise que les parties entendent coopérer pour la mise en œuvre de ce projet minier dans le gisement de Pavlovskoye, sur l’archipel de Novaya Zemlya. Selon le directeur général de l’entreprise First Ore-Mining, le projet de Pavlovskoye « vise à développer l’un des plus grands gisements de plomb et de zinc au monde, qui est mis en œuvre dans les conditions climatiques difficiles de l’Arctique » (Communiqué de presse de Rosatom).

En effet, le gisement de Pavlovskoye dispose d’une réserve de 47,7 millions de tonnes de minerais (comprenant du zinc, du plomb et de l’argent). Les activités minières pourraient débuter dès 2020 avec une durée de vie estimée de 35 ans (Mining Technology). L’apport de l’entreprise en matière d’innovation technologique est fondamental dans la réalisation de ce projet minier. Cet accord démontre d’une part la poursuite de la coopération économique entre la Finlande et la Russie. D’autre part, avec la mise en œuvre de ce projet minier dans cet espace confiné, il confirme la montée en puissance du rôle de Rosatom dans le développement économique de l’Arctique russe.

 

Florian Vidal (GEG) avec des compléments de Fabien Carlet et d’Hervé Baudu